Mere Inconnue
Andres Laszlo Sr. est l'auteur de trois romans majeurs, dont ceci était le premier. Les deux autres — en particulier Mon Oncle Jacinto, mais également Paco l'infaillible — sont devenus des productions cinématographiques à succès — et Mère Inconnue allait être adapté au cinéma, lors de la disparition de mon père. Toutefois, cela n'a pas eu lieu et, alors que je traduisais le texte en anglais et l'adaptais, mon intention était de le rendre plus attractif aux yeux des producteurs. L'action se passe principalement à Tanger au cours de la Seconde Guerre mondiale (le reste, à Naples, Paris et Ávila). Je cherche une traduction de l'anglais vers le français pour ce livre. Lire une partie du livre. VIDEO
Tanger, au cours de la Deuxième Guerre: à moins de cinq minutes de Gibraltar à vol d'oiseau, une grande ville, ou peut-être petite. Quoi qu'il en soit, si la ville restait à l'écart de la guerre et de l'ordre mondial auxquels le reste de l'Europe devait se plier, elle ne pouvait éviter le tourbillon d'intrigues qui la cernait. Voilà la scène sur laquelle se lève le rideau du premier acte du roman qu'a écrit mon père (ce roman majeur, mais non adapté au cinéma). Tanger, toutefois, ne constitue que le lieu de l'action qu'Andres Laszlo Sr. a choisi pour le début de son histoire.
La ville se pose en toile de fond orchestrale pour la première partie de cette histoire tumultueuse. Le contexte s'oppose parfaitement au personnage de Kurt, le protagoniste de l'histoire. La meilleure explication qu'on puisse trouver à sa présence à Tanger pendant la Seconde Guerre mondiale repose sur une fuite faisant écho à celle d'Andres Laszlo Sr., loin de la guerre et du service militaire (fuite qui lui valut la prison). Guidé par son puissant désir de rester indépendant, Kurt semble destiné à ne jamais s'établir nulle part, et peut-être est-ce cela la raison même pour laquelle il n' a jamais permis que les liens de l'affection lui enchaînent le cœur. Il vit pour son art, la sculpture, mais aussi longtemps qu'il peut y puiser sa satisfaction. Un jour, pourtant, l'homme, qui a juré de ne jamais laisser la moindre trace sur la neige, de ne jamais se plier à la volonté d'un autre, n'écoutant que la sienne et celle du marbre, découvre tout à coup que non seulement il a laissé une trace, mais qu'en plus, celle-ci le rattrape ; il ne fait pas le moindre doute que le petit garçon est son fils.
Une nuit, une main anonyme laisse une lettre, et un petit garçon de trois ou quatre ans à sa porte. «Lieber Kurt, je vous ai envoyé votre fils...», annonce la lettre. Là où une signature aurait dû se trouver, il n'y a rien si ce n'est le vide, et c'est précisément le silence de ce vide qui provoque le drame dans la vie du protagoniste. L'homme qui a renié tous ses souvenirs, toutes traces d'amour et d'affection, se retrouve sous l'obligation de réactiver un épisode de son passé depuis longtemps oublié, ne sachant lequel.
Complètement différent de ses œuvres antérieures — El Castello de las Focas et La Rapsodia del Cangrejo — ce roman laisse voir un côté inédit de la personnalité d'Andres Laszlo. Il s'agit d'un côté captivant, par ses descriptions vivaces et un dialogue animé, présageant les deux grands romans qui suivront: Mon Oncle Jacinto et Paco l'infaillible, devenus tous deux des productions cinématographiques. Ce roman aussi allait être adapté au cinéma lors de la disparition de mon père. Le petit garçon, au fait, est la copie exacte de celui que j'étais (moi, Andres Jr.), ce qui est effrayant puisque je suis né bien après la première publication du texte. De plus, j'ai laissé ce que je pensais, pour le meilleur ou pour le pire, influencer la traduction, faisant de celle-ci une adaptation. Jose Janes & Andres Laszlo Jr.